Les passants

GIUDICELLI Christian

Pas si anodins, ces « passants ». Les voici, silhouettes furtives mais indélébiles, avec leurs regards, leurs sourires, leurs mots, qui resurgissent d’ailleurs et d’autrefois, d’une enfance nîmoise, des débuts professionnels, du hasard des racolages nocturnes… Quelques noms connus, Green, Henri Thomas, Jouhandeau, Prokosch, Cuny (Giudicelli fait depuis longtemps partie du milieu parisien littéraire) ; quelques provinciaux, gentiment ridicules ; quelques amantes, vite larguées ; des enfants ; et beaucoup de beaux garçons qui offraient davantage qu’un moment de plaisir. Les évocations se succèdent, brèves ou longues, chacune mise en littérature avec un soin mélancolique ou amusé et sa chute adroitement ménagée. Quelle est la part de ces ombres dans le parcours de l’auteur, dans son imaginaire ? Importante, sans doute, puisqu’il en vient à regarder en arrière. Il le fait, comme toujours (cf. Après toi, NB juillet 2004), avec un narcissisme mesuré et une finesse sensible.