Laura est un bébé lorsque, en 1968, elle embarque sur l’Anna C. qui la ramène de Gênes à Buenos Aires. Elle reconstitue, à partir des souvenirs de ses parents et de recherches diverses, les événements qui les ont amenés sur ce paquebot. En 1966, à Buenos Aires, Manuel, jeune étudiant, et Soledad, lycéenne (elle a seize ans), sont recrutés par un homme, surnommé El Loco, pour aller à La Havane se former et ensuite exporter la Révolution dont le Che est l’idole. Ils sont amoureux et partent pleins d’espoir ; les désillusions sont nombreuses et la formation rude. Leur instruction est presque terminée lorsque survient la mort de Guevara. Ils rentrent en Argentine.
Laura Alcoba, subtile narratrice (Jardin blanc, NB décembre 2009), aujourd’hui universitaire, a émigré en France à dix ans avec ses parents, réfugiés politiques argentins. Les passagers de l’Anna C est un roman fondé sur des témoignages. Le récit chronologique des dix-huit mois d’initiation des héros aux techniques du combat révolutionnaire, très précis et documenté, éclaire, avec empathie, la puissance de l’idéologie, l’ampleur de l’engagement et la naïveté de ces très jeunes gens.