Les occupations

MARTIN-KARL CĂŽme

Pierre Miquelon, fils d’une famille terne, Ă©lĂšve moyen, amant homosexuel passif, agent commercial mĂ©diocre, abandonne son emploi et retourne chez ses parents aprĂšs la rupture avec son compagnon. Pour soigner la fatigue de ce nouveau chĂŽmeur sans avenir, ses parents l’envoient Ă  la campagne. LĂ , il dĂ©couvre des dossiers ayant appartenu Ă  son grand-pĂšre : Marcel Miquelon collaborait, sous l’Occupation, avec les services allemands chargĂ©s de la censure des oeuvres littĂ©raires. TĂącheron besogneux, stupide, il traquait avec acharnement les phrases litigieuses et rĂ©Ă©crivait les piĂšces. Il a ainsi proposĂ© Ă  Sartre de refaire « Les Mouches » dont il dĂ©tenait le manuscrit. Sa chute fut brutale, autant que sera celle de Pierre lorsqu’il va, enfin, prendre une initiative. Martin-Karl CĂŽme campe le portrait terrifiant d’une humanitĂ© consternante, pleutre et sans motivations. La dĂ©gringolade de Marcel, bien que refoulĂ©e dans l’inconscient familial, continuerait de hanter celui-ci au point d’engendrer un non-ĂȘtre total : l’argument de ce premier roman en forme de fable laisse perplexe. L’ironie de l’écriture, relevĂ©e de quelques bonnes formules, permet, cependant, de lutter contre une noirceur Ă©touffante et d’y trouver un certain plaisir.