Les Mauvais garçons

ROSALES Guillermo

&

 

Agar a dix ans et vit dans une famille pauvre de La Havane, sous l’emprise d’un père alcoolique et brutal qui le bat. Seule sa grand-mère, « sentant toujours la morue et les épices » et qui chante, enveloppée dans la vapeur de ses casseroles, apporte un peu de bonheur dans la maison. Agar s’acoquine avec un groupe de mauvais garçons de son âge qui, après un rite initiatique violent, l’obligent à partager leurs premières expériences sexuelles et leurs jeux agressifs, cyniques, écoeurants de vulgarité, de bêtise et de cruauté envers les animaux. Mais Agar a encore la naïveté de l’enfance et se réfugie dans ses rêves et ses souvenirs de westerns héroïques pour échapper à la brutalité qui l’entoure.

 

Rythme saccadé, écriture à la serpe, mots taillés à la hache : l’auteur observe avec talent, mais sans concession, le monde cruel de l’enfance à la dérive. Y aurait-il une part d’autobiographie ? Rosales, lui-même dépressif, déraciné, finira par se suicider après avoir été interné dans un asile et avoir brûlé tous ses livres. Aussi bouleversant et féroce que Mon ange (N.B. nov. 2002).