Les filles du préfet

COLLETT Camilla

Au XIXe siècle, le préfet Ramm, un lettré plutôt bonhomme, et son épouse assez dominatrice vivent dans la campagne norvégienne avec leur fils et deux de leurs filles. Les aînées, mariées, ont quitté la propriété familiale. Sofie, la cadette, est rétive, incontrôlable. Après un séjour prolongé à Christiana, elle revient au pays, embellie, indépendante, fascinante. Georg Kold arrive dans la famille comme fondé de pouvoir et précepteur. Une profonde inclination le rapproche de la jeune fille. Ce parcours amoureux, chaotique, sera obstrué par les convenances, le romantisme bridé, la sujétion féminine, les faux semblants…

 

Une traduction française bien tardive pour un ouvrage de qualité édité en 1854… Camilla Collett, féministe et féminine réussit une autobiographie camouflée – Sofie est un double de Camilla –, qui tourne au roman à thèse. Habilement, s’insèrent au fil de l’histoire journal et lettres. La plume de l’auteur, pure, juste, souple, la fait aussi bien portraitiste, débattrice, paysagiste, dialoguiste que psychologue. Elle crée un climat cinégénique dans la veine de Raison et Sentiments de Jane Austen. Et plaide pour une évolution de la condition féminine vers plus de formation, de parité sentimentale, d’ouverture intellectuelle, d’autonomie morale. Avec force, et grâce.