Les corps inutiles

BERTHOLON Delphine

ClĂ©mence, quinze ans, se fait agresser Ă  l’arme blanche en plein jour par un inconnu. Sa prĂ©sence d’esprit lui permet d’éviter le viol. Mais elle perd progressivement le sens du toucher. Elle n’ose en parler Ă  personne et cherche Ă  se venger en provoquant une nouvelle agression de la part d’un autre homme. Elle s’y est prĂ©parĂ©e et rĂ©pond violemment. À trente ans, elle assume toujours tant bien que mal les consĂ©quences, physiques et psychologiques, de son passĂ©. Artiste, elle maquille des poupĂ©es gĂ©antes en silicone destinĂ©es Ă  des hommes esseulĂ©s. Delphine Bertholon (Le soleil Ă  mes pieds, NB octobre 2013) a dĂ©jĂ  parlĂ© du passage de l’enfance Ă  l’ñge adulte et de la rĂ©silience difficile mais toujours possible. Ici elle alterne l’histoire de l’adolescente, Ă  la troisiĂšme personne, et celle de la femme de trente ans devenue narratrice. L’écriture factuelle Ă©voque situations et sensations sur un rythme rapide, sans temps mort. Ce portrait Ă©mouvant suit la trame d’une vie psychique et physique dĂ©vastĂ©e qui se reconstruit peu Ă  peu grĂące Ă  des rencontres bienveillantes. On suit avec un intĂ©rĂȘt croissant un rĂ©cit bien structurĂ© qui ne sombre jamais dans le voyeurisme glauque ou l’apitoiement stĂ©rile.