Les coeurs impuissants

HANOTEL Valérie

Saigon, 1910. Gabrielle Saint-Jean, enfance pauvre et diplĂŽme d’infirmiĂšre, habite chez ses beaux-parents avec son mari François, ancien officier de marine et peintre du dimanche. François s’occupe mollement d’une plantation, elle s’ennuie : tous deux sont mĂ©contents de leur sort et vivent chichement. Une tante folle de Confucius, un sĂ©duisant cousin mĂ©tis aux origines obscures, une belle-soeur peu avenante complĂštent le tableau. Gabrielle dĂ©cide d’acheter une plantation, Rougeterre, pour cultiver l’hĂ©vĂ©a ; elle y vit nonchalamment dans l’inconfort avec l’aide du cousin sangmĂȘlĂ©. Un incendie se dĂ©clare et dĂ©truit tout… Le lecteur qui espĂ©rerait un Ă©clairage sur la Cochinchine de l’époque et les rapports entre colons et autochtones serait fort déçu, Ă  moins d’apprĂ©cier le style dĂ©licieusement futile, façon « crĂȘpe Georgette », qui caractĂ©rise le rĂ©cit. Malheureusement, les indigĂšnes sont rĂ©duits Ă  de vagues silhouettes en haillons et se rĂ©vĂšlent peu fiables, les planteurs, reprĂ©sentĂ©s par la famille Saint-Jean, ne sont que fantoches sans Ă©paisseur. Difficile de s’intĂ©resser Ă  eux, encore moins Ă  leurs parcours, aussi incohĂ©rents que peu crĂ©dibles. Quant aux consĂ©quences du dramatique incendie qui pourraient relancer l’intĂ©rĂȘt, l’auteur s’en dĂ©barrasse en se transportant quinze ans plus tard.