Le transfuge

LENZ Siegfried

En Prusse orientale, le dernier Ă©tĂ© de la Seconde Guerre mondiale, Proska rencontre Wanda, rĂ©sistante polonaise, dans un train alors qu’il rejoint sa nouvelle affectation militaire. Dans cette place forte, les soldats sont Ă  la merci des ordres tyranniques, parfois dĂ©ments, du caporal-chef. Ils subissent les contraintes de cette zone marĂ©cageuse. Les nerfs sont tendus, un rien dĂ©clenche le tir des mitraillettes. Quelques uns succombent Ă  la tentation de pactiser avec l’ennemi pour en finir avec cette violence.  Ce roman Ă©crit en 1951 est refusĂ© par l’Ă©diteur ; il est publiĂ© en 2014 aprĂšs la mort de Siegfried Lenz, devenu l’un des plus grands Ă©crivains d’outre-Rhin. La guerre vue cĂŽtĂ© allemand, aux frontiĂšres de l’Ukraine et de la BiĂ©lorussie, dans cette rĂ©gion glaciale l’hiver et infestĂ©e de moustiques l’étĂ©, le harcĂšlement par les partisans, l’ennui, l’absurditĂ© des missions, la tentation de la folie est racontĂ©e avec justesse. Le style un peu lourd, le « sabir » des soldats, pas toujours drĂŽle, plombent parfois le rĂ©cit qui peine Ă  susciter l’émotion. L’amour du jeune hĂ©ros sympathique pour Wanda, sa confiance en l’avenir – mĂȘme s’il doit trahir – ne laisseront pas le lecteur insensible.  (C.M. et M.Bo.)