Le sang des rois

CAYRON Sikanda de

Dans un village coupĂ© du monde, isolĂ© par un relief montagneux, des forĂȘts et un dĂ©sert, vit en autarcie une communautĂ© heureuse mais que l’arrivĂ©e d’un Ă©tranger blessĂ© met en Ă©moi. Deux guĂ©risseurs, dont la charismatique Hateya, sauvent l’inconnu qui est pris en charge et vite instrumentalisĂ© par l’un des chefs, l’ambitieuse Winema. L’étranger les dĂ©livrera-t-il d’une terrible malĂ©diction qui condamne toutes les primo-parturientes Ă  accoucher d’un enfant mort ?  Sikanda de Cayron, dans ce premier roman, met en Ă©vidence les failles d’une sociĂ©tĂ© utopique fondĂ©e sur le rejet du modĂšle urbain, inhumain, au nom d’un retour Ă  la nature et d’un respect scrupuleux de l’égalitĂ© des sexes. Aucun membre de la communautĂ© n’a le droit de quitter le village et tous vivent dans une bienheureuse ignorance. Ils sont en rĂ©alitĂ© des proies idĂ©ales pour asseoir progressivement un systĂšme totalitaire cruel et destructeur de toutes les valeurs promues jusque-lĂ . La trĂšs jeune auteure analyse avec finesse, dans cette fable moderne, les ressorts d’une sociĂ©tĂ© sectaire et le culte de la personnalitĂ© facilitĂ© par un obscurantisme savamment entretenu. MalgrĂ© un dĂ©nouement simpliste et une narration longue, presque sans ellipse, l’intrigue est solide, le malaise grandissant sensible, et les protagonistes attachants.  (A.K. et A.Le.)