Le printemps des oiseaux rares

DEMERS Dominique

Jean-Baptiste et MĂ©lodie ont 17 ans : lui, le « bizarre Â» que sa passion pour l’ornithologie isole de ses congĂ©nĂšres, vit dans une famille nombreuse dont le catholicisme pratiquant commence Ă  lui peser ; elle, dont les parents sont sĂ©parĂ©s, se remet mal, toute seule, d’une « premiĂšre fois Â» humiliante, en dĂ©pit du soutien de sa meilleure amie.

« On n’est pas sĂ©rieux quand on a dix-sept ans Â» â€Š Dominique Demers contredit Rimbaud dans ce beau roman choral oĂč alternent les voix de deux adolescents sĂ©rieux. À l’ñge des ambitions, des dĂ©couvertes sentimentales, des interrogations sur le sens de leur vie, ils cherchent de nouveaux repĂšres, bien loin des « problĂšmes d’ados Â» dĂ©cevants qui font florĂšs en littĂ©rature jeunesse. Leur fragilitĂ© d’écorchĂ©s sous-tend le journal de leur rencontre et de la maniĂšre dont ils s’apprivoisent l’un l’autre, dans la peinture fine d’une Ă©ducation sentimentale pudique. Le rĂ©cit prend son temps, enrichi de la peinture de protagonistes familiaux qui sonne vrai, mĂȘme dans sa systĂ©matique bienveillance. Outre des intermĂšdes documentaires sur la vie des oiseaux, bien amenĂ©s, la romanciĂšre excelle dans la description de scĂšnes de vie, douloureuses ou paisibles, qui fixent l’attention et dont l’alternance donne Ă  ce roman, dĂ©libĂ©rĂ©ment positif, sa respiration.  (C.B et A.-M.R)