Le pont des anges

LE GUILLOU Philippe

Au milieu du XXIe siĂšcle, l’église catholique est dĂ©chirĂ©e et son unitĂ© menacĂ©e. À Rome, la fronde fait rage contre Miltiade, premier pape africain ; il meurt dans la solitude et l’isolement, rongĂ© par le doute. Contre toute attente, un bĂ©nĂ©dictin irlandais est Ă©lu Ă  sa suite. Mariant le respect des valeurs traditionnelles et les rĂ©formes novatrices, ClĂ©ment XV entreprend de rendre Ă  l’église son rĂŽle universel. On n’attendait pas Philippe le Guillou dans un registre aussi diffĂ©rent de celui de ses prĂ©cĂ©dents romans (Le bateau brume, NB mai 2010). Mais Ă  y regarder de prĂšs, on retrouve des constantes de son oeuvre Ă  travers ce pape attachĂ© Ă  la mer et aux tourbiĂšres d’Irlande, si proches de sa Bretagne. À travers aussi cette fascination pour l’art et cette dĂ©nonciation d’un appareil religieux noyĂ© dans les ors et les fastes. Au milieu d’une abondance d’intrigues et de dĂ©tails – qui ralentissent un peu le rĂ©cit – il campe une figure de pape, profondĂ©ment humain et Ă©mouvant, homme de foi et de recueillement, sachant s’affirmer face aux intrigues de la Curie, aux ambitions personnelles, affronter les dĂ©sĂ©quilibres politiques et Ă©conomiques du monde, prĂŽner une nĂ©cessaire Ă©volution. Un beau livre toujours servi par la mĂȘme Ă©criture Ă©lĂ©gante et fluide.