Le Poids du monde

JOY David

Thad est nĂ© d’un viol, sa mĂšre le rejette ; Aiden a vu son pĂšre assassiner sa mĂšre puis se suicider. Tous deux deviennent comme frĂšres, grandissant en marginaux dans un bourg du nord des Appalaches. Quand Thad revient d’Afghanistan, souffrant du dos, alcoolique et droguĂ©, Aiden et lui se lancent dans le trafic de cuivre volĂ© et de drogue. Un jour ils tombent sur les stocks de leur dealer dĂ©cĂ©dĂ©. Leur enfer ne fait que redoubler.   

Dans la ligne de LĂ  oĂč les lumiĂšres se perdent (NB octobre 2016), David Joy fait revivre la rude rĂ©gion des Appalaches. Quoi qu’ils fassent, ces jeunes adultes que nulle Ă©ducation, nul repĂšre n’ont cadrĂ©s ne parviennent pas Ă  s’en sortir. Ils ne sont pas fondamentalement mauvais, mais rĂ©agissent toujours Ă  contretemps. La drogue et l’alcool brouillent leur discernement. Aiden veut quitter la rĂ©gion Ă  tout prix, une maniĂšre fantasmĂ©e d’arracher cette malchance qui lui colle Ă  la peau. Pour Thad, supprimer la douleur consiste Ă  Ă©liminer ceux qu’il en croit responsables. Échecs rĂ©pĂ©tĂ©s, spirale descendante, dĂ©sespoir marquent ce roman d’un rĂ©alisme puissant. L’écriture essentiellement visuelle progresse, comme une camĂ©ra experte, au plus proche du mouvement, du jeu, des lumiĂšres et du cadrage. Un bon roman noir.