Le musée de l’innocence

PAMUK Orhan

Istanbul 1975 : bourgeois aisés et branchés, Kemal et Sibel ont décidé de se marier. Mais le trentenaire s’éprend de Füsun, jeune cousine. Il cumule les deux liaisons jusqu’à la disparition de cette dernière. Désespéré, il finit par rompre ses fiançailles. Plus tard il retrouve Füsun, mariée à un cinéaste. Sous prétexte d’aider le couple à produire un film, il les fréquente assidûment durant huit ans en espérant toujours récupérer sa bien-aimée… Deux décennies après l’avoir définitivement perdue, Kemal crée le Musée de l’innocence où sont rassemblés des objets associés aux souvenirs des moments de bonheur candide, et demande à Orhan Pamuk d’écrire son histoire.

 

Comme D’autres couleurs (NB, novembre 2009), ce roman épais, intelligemment traduit, dévoile la personnalité attachante de l’écrivain lui-même. Le charme du récit subtilement construit émane de mille détails peints avec finesse. Envoûté par sa passion inassouvie, le héros analyse avec nostalgie tous ses états d’âme oscillant entre tristesse, désir, volupté, jalousie, félicité. Il incarne une certaine génération de Stambouliotes, peu concernée par les soubresauts politiques et par la religion, occidentalisée mais encore soumise aux traditions. S’exprimant à la première personne, il fait pénétrer aisément le lecteur dans son intimité, dans sa vie familiale et sociale.