Le Manucure.

CHRYSSOPOULOS Christos

Un petit homme, malingre et pâle, marche dans la ville, sa mallette à la main. Poli, réservé, il ne se lie pas, parle peu. Son métier ? Manucure. Méticuleux, il est passé maître en son art et classe les mains en catégories. On le comprend vite : les mains, c’est son obsession. Sa vie, morne, solitaire, s’éclaire pourtant de deux rencontres : une jeune femme dite “mains de marbre” dont les tentatives de séduction le lassent vite. Et un tout jeune homme, sourd-muet dont la gestuelle le fascine et provoque sa passion. Leur relation amoureuse est cependant gâchée par le mystère qui plane sur le passé du héros… Rien n’est dit. Dans ce roman singulier, peu banal, énigmatique, on soupçonne, on devine à demi-mot. Le personnage falot du début prend consistance ; son obsession, sa folie deviennent le centre de la terrible tragédie qui se prépare. Toute l’habileté de l’auteur tient dans cette subtile progression dramatique d’un récit, soporifique au départ, qui engendre peu à peu le malaise et débouche en final sur l’horreur absolue.