Le mangeur d’or (Undertaker ; 1)

DORISON Xavier, MEYER Ralph

Tel ce vautour qui ne s’intĂ©resse aux animaux qu’aprĂšs leur mort, Jonas Crow exerce un sinistre mĂ©tier : croque-mort-expert, il va de ville en ville enterrer les morts. Sa silhouette de moustachu hirsute, accompagnĂ©e de son fidĂšle rapace, plus proche du bandit de grand chemin bourru et beau gosse que de l’embaumeur de cadavres, Ă©veille immĂ©diatement le doute et la crainte. Il a Ă©tĂ© convoquĂ© Ă  Anoki City, la ville miniĂšre, par un client bizarre, malade et au bout du rouleau. Cet ancien chercheur d’or devenu richissime, a dĂ©cidĂ© de se suicider et de se faire enterrer, avec son magot, tout au fond de la mine oĂč il fit sa premiĂšre dĂ©couverte. Il a dĂ©cidĂ© d’avaler sa fortune sous forme de pĂ©pites puis de se donner une mort rapide avec du curare. Mais la nouvelle de ce projet peu banal est vite Ă©bruitĂ©e et une bronca se dĂ©chaĂźne dans la ville oĂč tous les mineurs, la plupart exploitĂ©s par notre homme, revendiquent une part de l’hĂ©ritage. Ils s’en prennent alors Ă  Jonas avant qu’il n’emmĂšne le corps dans sa derniĂšre demeure.Cet album offre une agrĂ©able plongĂ©e dans l’Ouest amĂ©ricain, dans une histoire baroque dont le hĂ©ros cite les Ă©pĂźtres de St Paul aux Californiens ou de Saint Jean aux New Yorkais ! Au fait, qui est-il, ce personnage indolent, dĂ©contractĂ©, bagarreur qui semble issu d’un western Ă  l’italienne, indiffĂ©rent Ă  l’hostilitĂ© qu’il suscite, et terriblement efficace dans les moments d’action? D’oĂč vient-il cet empĂȘcheur d’éventrer paisiblement les cadavres ? Le dessin oĂč se mĂ©langent grisĂ©s et ocres, ressemble Ă  celui de Giraud, mais soutient aisĂ©ment la comparaison et apporte vigueur et expressivitĂ© Ă  un dĂ©coupage dynamique. Le scĂ©nario original, sauvage et haletant, permet de dĂ©couvrir des personnages typĂ©s et originaux, ne manquant pas d’humour comme cette maligne servante chinoise. La sĂ©rie Ă  venir s’annonce bien aprĂšs ces dĂ©buts Ă  cent Ă  l’heure et une fin d’épisode Ă  couper le souffle.(Y.H. et A.D.)