Le Making Of de « Toro » : corridas et coeurs brisés ou le périple d’un auteur en quête de louanges méritées

SUNDEEN Mark

Récit à tiroirs et à miroirs où le narrateur, auteur raté d’un ouvrage sur les faucons que personne n’a lu, n’est nullement découragé par son échec qu’il transforme en notoriété future. Chargé de rédiger un ouvrage sur la tauromachie, il évolue sans cesse entre lui-même, modeste Américain effacé qui échoue en tout – mais absolument en tout ! –, et son héros, son double, un bellâtre comme on n’en fait pas, qui se prend pour un mélange de Tourgueniev et d’Hemingway. Écrites dans un style imagé, leurs aventures picaresques se déroulent entre un San Francisco rêvé et un Mexique plutôt réaliste. Tour à tour farfelu, ironique, faussement fleur bleue, le récit saute d’un personnage à l’autre, d’une stripteaseuse décomplexée à un acteur pornographique alcoolisé, d’une apprentie torera invraisemblable à un boucher d’arène fier de son métier. La mythomanie du héros, qui transforme sans cesse une réalité banale ou sordide en cheminement vers la gloire et la sagesse, relève d’un humour plutôt grinçant, certes convenu, mais moins superficiel qu’il n’y paraît. On ne s’ennuie pas. On rit, beaucoup – surtout si on aime le rire déjanté –, quand toute expérience minable est, mine de rien, transformée en vécu sublime.