Le garçon au coeur plein d’amour

DAVID François, EIDRIGEVICIUS Stasys

Tristan avait un coeur si grand qu’il ne savait à qui donner son amour, d’autant plus que chaque fois que son regard se portait sur une personne qu’il se mettait aussitôt à aimer, il devenait cette autre personne en absorbant son visage. Il en vint aux animaux, puis aux choses : peine perdue. Âne, fleur, lèvres… il devenait toujours ce qu’il découvrait avec amour. Un jour, il entra dans une pièce où il n’y avait qu’un miroir. Il se mit à aimer celui qu’il voyait dans le miroir : lui-même.

Étrange architecture de ce livre dont le texte semble avoir été conçu a posteriori pour accompagner les étonnantes images à l’atmosphère psychanalytique, surréalistes, épurées, inquiétantes parfois par tous ces regards fixant le vide, et comme abstraites. À qui est destinée cette quête dévoratrice de l’autre aboutissant à une forme d’auto-contemplation qui peut paraître stérile ? Le message est difficile à comprendre pour des enfants jeunes, peu aguerris aux méandres de la psychanalyse et aux détours de l’âme humaine. Beau mais froid, distant, peu attrayant dans la dimension individuelle de l’histoire, ce livre fascine par la succession de portraits que l’illustrateur livre autour de cette thématique difficile d’amour exclusif.