Le Fruit du silence

PONTIER Arnauld

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Titre Ă©nigmatique, qui s’éclairera vraiment Ă  la derniĂšre page, mais il est bien question de « fruit », de paternitĂ©, de maternitĂ©, et – oh combien – de mensonge et de silence, dans ce roman oĂč l’auteur d’Équinoxe (N.B. jan. 2006) ne choisit pas la facilitĂ©. En 1967, Ă  Paris, AndrĂ©, orphelin qui a comme pĂšre d’emprunt Jurij, Ă©crivain russe opiomane, tombe amoureux de Flora, fausse femme fatale. En 1947, dans l’hĂŽpital psychiatrique d’Ischia, amnĂ©sique, entourĂ© d’autres ĂȘtres tourmentĂ©s, il devient Pawel, Polonais rescapĂ© d’Auschwitz. En 1963, Ă  Venise, Gert, kapo revenu lui aussi d’Auschwitz, croit retrouver la trace du mĂ©decin qui a soignĂ© Jurij


 

Dans ce puzzle trĂšs compliquĂ©, les femmes restent des Ă©nigmes. Le sujet est grave, le rĂ©cit est court, avec des ellipses et aussi de longs dĂ©veloppements ; il demande beaucoup d’attention. Cependant la construction alambiquĂ©e semble un parti pris sans lequel le roman n’aurait pas existĂ©. Un rĂ©cit linĂ©aire, plus confortable pour le lecteur, n’aurait pas fait naĂźtre la mĂȘme attente inquiĂšte. Mais trop c’est trop, et dans ce labyrinthe on perd parfois le fil.