Le discours de la haine.

GLUCKSMANN André

La haine est une « maladie mentalement transmissible », une peste contagieuse, qui ne peut se réduire à des causes extérieures et préexiste en chacun de nous. Qu’elle s’exerce à l’encontre des Américains, des Juifs ou des femmes (« le sort fait aux femmes préfigure le châtiment de toute une société »), c’est, en réalité, d’une haine de soi qu’il s’agit, haine qui conduit à la mort de l’autre et à la passion de détruire.Depuis Dostoïevski à Manhattan (NB mars 2002), André Glucksmann tire le signal d’alarme : l’Ouest européen accorde la primauté à la paix à tout prix, au détriment de la liberté et par un phénomène collectif de défense, très pervers, les pays victimes du terrorisme deviennent responsables de leur mal, l’outil de ce retournement étant la haine. Comment en sortir ? Pour glaner dans ce livre des pistes de réflexion, il faut franchir l’obstacle d’une pensée complexe, mais parfois étonnamment claire – on lira les conditions d’une paix israélo-palestinienne – qui s’enrichit de références philosophiques et littéraires : les Grecs anciens, Montaigne, Péguy… Un texte dense, sans langue de bois, qui rame à contre-courant de la pensée unique.