Le diable dévot

FOFANA Libar M.

Guinée, années soixante-dix. Il était une fois, dans un village, un vieil imam qui voulait devenir hadji pour renforcer son prestige et maintenir ses privilèges. Après moult prières et pour la gloire d’Allah, il se persuada qu’il pouvait, en échange d’un billet pour La Mecque, vendre en mariage, à un voisin très riche et très vieux, sa fille Héra, âgée de treize ans. En attendant les noces, il l’expédia à Conakry gagner quelques sous comme servante. Et voilà que l’adolescente y subit une exploitation sexuelle d’une cruauté inimaginable. Mais son obstination à survivre et à se libérer lui fit acquérir une maturité étonnante sans jamais entamer sa générosité. Au terme de péripéties souvent douloureuses, elle surmonta tous les obstacles.  L’auteur, exilé guinéen (Le cri des feuilles qui meurent, NB novembre 2007), chante son amour pour le peuple, pauvre, ignorant mais solidaire, dessine, avec une précision alerte, quelques personnages odieux ou touchants, dénonce la corruption et la violence d’un régime islamique et socialiste. Servi par une écriture vivante et colorée, ce conte, terrible, tendre et malicieux, aurait gagné à être plus resserré. Il n’évite pas non plus une certaine naïveté, inhérente au genre, qui rend les événements trop prévisibles.