Tout a commencé lorsqu’une jeune femme s’est présentée au domicile d’Alexandre de Humboldt. Disant venir d’Amérique équinoxiale, elle apportait à l’explorateur vieillissant un carnet ayant appartenu à Aimé Bonpland, ami de son père et ancien compagnon d’aventure de l’explorateur. De quoi intriguer le grand homme : Bonpland est réputé disparu au coeur de la jungle. Dès les premières pages, il se convainc que Bonpland est vivant.
Les voilà donc embarqués pour un voyage épique sur les traces de l’ancien ami, étrange chevauchée fantastique, où ils sont poursuivis par un émissaire de l’empereur aussi pédant que stupide. Toutes sortes de personnages extraordinaires croisent leur route, et ni le naufrage, ni les Indiens méfiants ne leur sont épargnés. Ce côté onirique, surréaliste et totalement décalé de l’histoire est restitué de façon magistrale par des illustrations d’une qualité rare. Dans des tonalités sourdes, presque uniformément grises, parfois ocrées, le trait direct au crayon gras évoque l’ambiance des premiers films, et le traitement volontairement fou des dessins ajoute une part de mystère presque palpable à l’aventure invraisemblable, totalement imaginaire, du naturaliste presque sénile. Il faut néanmoins avoir de solides connaissances sur le personnage réel pour suivre les péripéties sans décrocher devant une histoire aussi baroque et improbable. Du grand art, pour un public de connaisseurs.