Le dernier des nôtres : une histoire d’amour interdite, à l’époque où tout était permis

CLERMONT-TONNERRE Adélaïde de

Werner naît à Dresde en 1945, sous le feu des bombes. Sa mère meurt en le mettant au monde. Ses dernières paroles sont : « Il s’appelle Werner. Werner Zilch. Ne changez pas son nom. Il est le dernier des nôtres ». D’abord recueilli par sa tante Marthe, il est adopté à l’âge de trois ans par un couple franco-américain dans le New Jersey. Vingt-quatre ans plus tard, Werner est devenu un jeune homme séduisant, sûr de lui et papillonnant de femme en femme. Avec son ami Marcus, il compte bien faire fortune dans l’immobilier et prendre sa part du « rêve américain ». Sa vie bascule le jour où il a le coup de foudre pour Rebecca Lynch. Elle est belle, riche, artiste, et fréquente tout le gratin new-yorkais. Lorsqu’elle décide de présenter son amoureux à ses parents, sa mère croit reconnaître en Werner les traits de l’homme qui lui a fait vivre un enfer à Auschwitz. L’idylle vole en éclats et Rebecca disparaît pendant un an. À son retour, elle est différente…  

Ce deuxième roman d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre nous entraîne dans un tourbillon haletant où le présent ne parvient pas à effacer le passé, où le bien est en butte aux pires difficultés pour triompher du mal. Le sous-titre, « une histoire d’amour interdite au temps où tout était permis », renvoie à la fin des années soixante et début des années soixante-dix pendant lesquelles le mouvement hippie battait son plein, où les transgressions étaient légions et le mouvement underground en marche. Parallèlement, les descriptions de Dresde en flammes et d’Auschwitz et sa « division de la joie » qui offrait des esclaves sexuelles aux officiers nazis semblent appartenir à un autre monde. Les profils des couples sont eux-mêmes contrastés : deux frères, deux amis, deux amantes… La construction de l’intrigue, prenant appui sur des allers et retours dans le temps, ressemble à un puzzle : lentement, l’ensemble prend forme et il faut attendre la dernière pièce pour apprécier pleinement la juste valeur du roman.