Le dernier bain

ROBERT Gwenaële

ÉtĂ© 1793, la Terreur rĂšgne sur Paris. Le dĂ©putĂ© montagnard, Marat, atteint d’un eczĂ©ma purulent et pestilentiel, soulage ses dĂ©mangeaisons dans des bains de soufre et ordonne les exĂ©cutions depuis sa baignoire. Alors que « le tyran » encourage la dĂ©lation et traque les opposants Ă  la RĂ©volution, quatre personnages fomentent sa mort : chacun a ses raisons.  En imaginant les trois jours prĂ©cĂ©dant l’assassinat de « l’Ami du peuple », GwenaĂ«le Robert (Tu seras ma beautĂ©, NB octobre 2017) introduit un dispositif romanesque autour du cĂ©lĂšbre tableau de David oĂč rĂ©alitĂ© et fiction s’imbriquent parfaitement. Les destins des quatre protagonistes s’y croisent habilement. L’analyse de leurs motivations contribue Ă  dĂ©mystifier l’icĂŽne rĂ©volutionnaire et permet de dresser le portrait d’une Ă©poque effrayante oĂč chacun vit dans l’angoisse d’ĂȘtre dĂ©noncĂ© et dĂ©capitĂ©. AtmosphĂšre pesante oĂč la mort rĂŽde, scĂšnes de la vie quotidienne, violence de la foule et procĂšs de Charlotte Corday sont restituĂ©s avec prĂ©cision et bien documentĂ©s. Les sentiments des trois femmes, hĂ©roĂŻnes courageuses de ce roman, et du moine apostat, hantĂ© par son abjuration, sont finement exploitĂ©s. Le rĂ©cit est bien rythmĂ©, avec des phrases courtes, des mots choisis, les scĂšnes s’enchaĂźnent : un livre intelligent.