Le crépuscule d’un monde

TURBERGUE Yves

Les Martin sont ouvriers ou artisans depuis des générations. Ils ont vécu 1936, Mai 68, et le 10 mai 1981… rêvant de voir leur situation s’améliorer. David, dont le père est mort lors d’une manifestation, refuse de suivre leur trace : son grand-père plâtrier se tue à la tâche et l’oncle Alain a sacrifié sa vie privée au syndicalisme. Le « sale gosse » envie tonton René, le seul parvenu la famille. Il boude sa mère, désireuse de refaire sa vie, tombe amoureux fou d’Isabelle, mais se fourvoie dans des voies sans issue. Parviendra-t-il à trouver sa voie ? Yves Turbergue (La mort n’existe pas, NB janvier 1979), entrepreneur en bâtiment, connaît bien ce monde en déshérence depuis trois-quarts de siècle. À travers une galerie de personnages campés avec empathie, mais sans complaisance racoleuse, l’auteur fait partager les espoirs et les désillusions de travailleurs manuels dépendants de certains patrons qui invoquent la mondialisation pour refuser toute avancée en matière de conditions de travail et de salaire. Sans forcer le trait, il analyse les effets de la désindustrialisation sur les ouvriers, oubliés, leur semble-t-il, par la sphère politique. Une saga émouvante et un pan d’histoire sociale servis par un style nerveux.