Le bonheur conjugal

BEN JELLOUN Tahar

Un peintre marocain a Ă©pousĂ© en France un joli mannequin d’origine berbĂšre, plus jeune que lui. Deux ans de bonheur, des enfants, le succĂšs artistique, des voyages, puis l’enfer conjugal : disputes, jalousie, tromperies, jusqu’à la haine. Un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral survenu au dĂ©but des annĂ©es 2000 cloue l’homme sur un fauteuil d’handicapĂ© Ă  Casablanca. Il ressasse ses souvenirs qu’il confie Ă  un ami Ă©crivain. Sa femme dĂ©couvre ce rĂ©cit et donne alors « sa version des faits ». Prix Goncourt en 1987  avec La Nuit sacrĂ©e, Tahar Ben Jelloun alterne romans, poĂ©sie et essais (Jean Genet, menteur sublime, NB octobre 2010). Le thĂšme de la guerre matrimoniale est ici traitĂ© sans un vĂ©ritable souffle romanesque. Le choc socioculturel entre un Arabe aisĂ© Ă©voluant dans le milieu intellectuel et une BerbĂšre modeste, ainsi que le motif du handicap particuliĂšrement Ă©prouvant pour un artiste n’apportent pas la profondeur ni l’originalitĂ© attendues Ă  cette interminable scĂšne de mĂ©nage, tantĂŽt larvĂ©e, tantĂŽt explosive. Mesquinerie, paranoĂŻa, autosatisfaction, cupiditĂ© alimentent les rancoeurs. La structure en miroir, le dĂ©nouement assez astucieux et l’atmosphĂšre parfois proche du conte oriental ne suffisent pas Ă  donner une intensitĂ© tragique et psychologique Ă  cet ouvrage sur le mariage.