Assise devant la mer

SILVAIN Pierre

Quel est le personnage central de ce rĂ©cit ? La mĂšre ou le fils qui la contemple sur la plage de son enfance ? Leur relation est trĂšs forte, dans les jeux, les rites quotidiens, les rĂȘves et les cauchemars partagĂ©s. Leur amour est aussi grand que leurs peurs, peur que l’autre ne disparaisse, comme le petit frĂšre mort brutalement, peur d’ĂȘtre moins aimĂ©, peur de l’avenir, avenir qu’on dĂ©sire aussi quand on a seize ans. Les Ă©vocations de leur vie au Maroc – le garçon y est nĂ© en 1927 – laissent place parfois au mariage de la mĂšre, Ă  son enfance aussi, aux deux guerres, au retour en France, et Ă  la solitude de la vieillesse. Le pĂšre n’apparaĂźt qu’en creux, comme une ombre vaguement effrayante mal aimante et mal-aimĂ©e.

 

L’écriture est trĂšs belle, sensuelle et mĂ©lancolique, avec une grande puissance Ă©vocatrice, surtout pour faire ressentir la chaleur et la lumiĂšre qui sont Ă  la fois celles d’un pays du sud et celles de l’amour fusionnel entre deux ĂȘtres. Le lecteur doit se laisser envoĂ»ter, et aimer les histoires oĂč il ne se passe rien
 rien que la vie qui passe. Nous sommes aux antipodes de Julien LetrouvĂ© colporteur (NB octobre 2007).