L’Art de perdre

ZENITER Alice

1954, prĂ©mices de la guerre d’AlgĂ©rie. Ali exploite une oliveraie en Kabylie qui devient le thĂ©Ăątre d’enlĂšvements et d’exĂ©cutions sommaires. En 1962, en qualitĂ© de harki, il est contraint avec sa famille de quitter son pays pour la France. Il connaĂźt un camp de regroupement dans le Sud-ouest, puis un hĂ©bergement temporaire, enfin un logement en Normandie oĂč grandissent ses enfants. L’un d’eux, Hamid, s’intĂšgre avec succĂšs Ă  la culture française. Mais il faut attendre cinquante ans pour que NaĂŻma, petite-fille d’Ali, dĂ©cide de retourner en AlgĂ©rie. 

Dans cette volumineuse saga sur trois gĂ©nĂ©rations, Alice Zeniter, jeune romanciĂšre et dramaturge (Juste avant l’oubli, NB octobre 2015) dĂ©veloppe le thĂšme du dĂ©racinement familial avec son lot de fatalitĂ©s, de silences, de souvenirs occultĂ©s. AprĂšs un long travail d’adaptation – fait d’échecs et de rĂ©ussites – les plus jeunes s’intĂšgrent dans le pays oĂč ils sont nĂ©s. Racisme, mĂ©moire obscurcie, identitĂ© Ă©cartelĂ©e entre deux terres et deux cultures sont habilement dĂ©veloppĂ©s. Mais le ton neutre, comme distanciĂ©, la narration et la chronologie assez classiques enlĂšvent un peu de consistance et de vivacitĂ© Ă  cette histoire familiale. (L.D. et A.Le.)