L’aiguilleur

SCHMID Bertrand

Quelque part dans la Russie de Staline, le vieux Vassili vit seul, Ă  l’écart de tout, au fond des bois. Il n’est quasiment jamais allĂ© « en ville Â», sinon pour un temps d’enseignement militaire ; c’est lĂ  qu’il a rencontrĂ© Nadja, son grand amour ; pourtant il l’a quittĂ©e pour retourner vers un avenir dĂ©jĂ  tracĂ©. Il est aiguilleur, et par tous les temps, doit veiller au bon fonctionnement d’une portion de ligne ferroviaire ; certes il ne sait pas oĂč elle mĂšne, sinon vers le nord ; certes les trains ne passent jamais Ă  heure fixe, mais que lui importe
 jusqu’au jour oĂč il dĂ©couvre des lettres le long de la voie ferrĂ©e.

Bertrand Schmid, d’une Ă©criture sobre et tendue, dresse en creux – sur fond de dictature – l’émouvant portrait d’un homme simple amenĂ© Ă  se pencher sur son passĂ©, par le biais de la vie des autres, par ces lettres qu’il apprend Ă  dĂ©chiffrer, obstinĂ©ment. Au fil du rĂ©cit, oĂč Homme et Nature ne font qu’un, l’intensitĂ© dramatique Ă©volue vers un rĂ©alisme onirique, et le lecteur, par un tour de passe-passe de l’auteur, est amenĂ© Ă  ĂȘtre tĂ©moin du drame intĂ©rieur qui se joue. Un texte magnifique, un auteur Ă  dĂ©couvrir ! (M.-T.D et C.B)