La vie pieds nus

Plage. Cinq lettres qui fouettent, bercent, stimulent l’imaginaire de chacun. Telle est l’approche d’Alan Pauls, écrivain argentin : faire de cet univers un morceau de littérature choisi. Le décalage s’inspirant de ses souvenirs d’enfance sur le littoral de son pays natal est total car nous changeons d’hémisphère. Cependant l’universalité de cette surface neutre et absorbante permet d’apprécier la finesse de l’analyse quelle que soit la latitude. Chaque chapitre explore un aspect de cet espace qui concentre promesse et nostalgie, découverte et affrontement, nudité et démocratie.  Comme dans ses précédents ouvrages (cf. Wasabi ; Le facteur Borges, NB décembre 2006), l’auteur sculpte ses phrases, à l’ampleur proustienne, avec l’adresse qu’on lui connaît, transformant un lieu sans relief en un morceau d’anthologie. Grand amateur et connaisseur de littérature et de cinéma français, il nourrit sa réflexion et son analyse de scènes et d’images qui font partie de notre inconscient culturel. Nous ne porterons plus le même regard sur la plage après avoir dégusté cet essai original où humour, sociologie, Histoire, culture se côtoient avec intelligence.