La société

FRANCK Dan

Son nom, qu’il a raccourci en « Off », exprime bien sa volonté de se mettre hors jeu de la société. Du sixième étage où il habitait avant le drame, il est descendu dans le local à vélos et vit au rythme de la minuterie. Les maigres droits d’auteur des scénarios qu’il a écrits antérieurement lui permettent de vivoter. Suivre un chien et celle qui le promène, traîner au supermarché, s’arrêter au bistrot, accueillir les imprévus qu’offre la ville et parallèlement mettre par écrit ce qui a provoqué le naufrage de sa vie, telles sont ses activités journalières… Ce dernier et court roman de Dan Franck est à placer dans la mouvance de La Séparation (prix Renaudot 1991, NB octobre-novembre 1991). À travers le long monologue de son héros alternant vie quotidienne, souvenirs et écriture sur le crash de l’avion où se trouvaient sa femme et ses enfants, l’auteur peint avec sensibilité la dérive d’un homme qui plonge après la perte des siens. Il fait aussi le constat d’une société sans états d’âme. Dans une langue familière, concise et imagée, il conduit le récit autour de l’idée un peu schématique de chute. Triste, drôle et grinçant à la fois.