La route de la mer

LE GUILLOU Philippe

Sur les docks de la Tamise, il contemple ses sculptures de bronze, inconsolable de la mort de sa soeur Anna, pianiste adulĂ©e. Il revisite ses souvenirs douloureux et arpente « ses paysages perdus ». DĂ©filent sous ses yeux, des scĂšnes, des lieux, des villes auxquels il associe un petit nombre de personnes qui ont comptĂ© pour lui, mais la haute figure de la virtuose Ă©clipse tout.  Reprenant les thĂšmes rĂ©currents dans son oeuvre (GĂ©ographies de la mĂ©moire, NB avril 2016), l’auteur explore ici la « gĂ©mellitĂ© mystĂ©rieuse », scellĂ©e dans la musique, qui unit un frĂšre Ă  sa soeur dans leurs parcours d’artistes torturĂ©s. La personnalitĂ© complexe du frĂšre, Ă  la recherche de lui-mĂȘme, hantĂ© par ses fantasmes refoulĂ©s et ses modĂšles ambigus, est troublante. Son Ă©gĂ©rie, femme passionnĂ©e, dĂ©vorĂ©e par la musique et plus tard par la maladie, ne laisse pas indiffĂ©rent. L’écriture trĂšs littĂ©raire, picturale, donne Ă  ce texte une tension et une densitĂ© touchane. L’abondance de rĂ©fĂ©rences culturelles confirme la grande Ă©rudition de Philippe le Guillou ; quelques passages un peu longs desservent ce beau requiem. (R.C.G. et M.-N.P.)