La Nuit de l’étranger

SELMI Habib

Dans une chambre sordide, à Paris, un homme meurtri se raconte : départ de Tunisie pour soigner une inacceptable stérilité, difficile survie matérielle, retrouvailles de compatriotes. Adel, jeune homme étrange, raffiné et incompris, Souad, experte séductrice et féministe militante, tous le rejoignaient dans un café, à Belleville. En évoquant une Terre idéalisée, ses parfums, ses rites familiaux rassurants, les exilés confortaient leur identité. Telle une mélopée orientale, ils ont déroulé leurs destins dominés par la douleur du déracinement, la place de l’émigré, son sentiment d’échec et d’infériorité. L’exil se nourrit de réminiscences d’où surgissent fierté, respect du père, de la religion, des rêves de grandeur démentis par la réalité.

 

L’auteur des Amoureux de Bayya (NB mai 2003) écrit un nouveau roman sensible, poignant, dont la construction peut dérouter. Les personnages se racontent à la première personne, s’immiscent dans une narration détaillée de leur environnement. Les époques se chevauchent, entrecroisant passé tunisien, présent parisien, futur retour improbable. Alors qui transmettra la mémoire culturelle de cet étranger étreint par le doute et la solitude ?