La huitième vie (pour Brilka)

HARATISCHWILI Nino

Niza, géorgienne, raconte à sa nièce Brilka l’histoire de leur famille. Vers 1900, un pâtissier viennois s’installe à Tiflis (Tbilissi) ; sa délicieuse recette de chocolat chaud est magique mais dangereuse… Sa fille Stasia est la première à faire un mauvais mariage. Cependant la Russie sombre dans le chaos et la Géorgie appartient désormais à l’URSS. Dans ce siècle terrible, une lignée féminine s’installe : Chritine, Kitty, Elene, Daria… et, au centre, Kostia, haut responsable soviétique et tyran domestique.

   Nino Haratischwili (Mon doux jumeau, NB avril 2015) nous convie à une saga pleine de rebondissements. Elle mêle, sans jamais être pesante, le destin d’une famille plutôt hétéroclite, où les femmes, souvent maltraitées, relèvent toujours la tête, à l’histoire compliquée, mais très bien évoquée, d’un pays déchiré tombant de Charybde en Scylla. Jamais nommé, le « petit grand homme » (en fait Beria) distille un véritable poison et sur lui repose une grande partie du récit. Une écriture précise épouse chaque situation et chaque personnage, remarquablement dépeint. De la fougue aussi et un véritable souffle qui – en 955 pages ! – traverse un siècle qu’on quitte à regret. (D.C. et M.-C.A.)