Magnifique, cette guitare carrée oubliée dans une voiture ! Prestigieuse aussi, puisque signée Bo Diddley, la star ! Un jeune black en galère la ramasse par une nuit d’hiver. C’est une guitare baladeuse. Elle passe de main en main, servant à monnayer toute une série de transactions louches, dans ce monde mi-banlieusard mi-parigot, où petits consommateurs de drogue croisent dealers, filles faciles, putes et tueuses à gages, tenanciers véreux, flics ripoux, etc.. Serait-ce une guitare néfaste ? Ceux qui l’approchent y perdent souvent la vie.
Chauzy et Villard affectionnent les ambiances et les milieux sinistres. Ils avaient signé ensemble Rouge est ma couleur (NB novembre 2005). Original est leur fil conducteur : une guitare porte-poisse prétexte à conter un univers peu reluisant. Quel dommage que le scénario soit à ce point répétitif, sans qu’aucun personnage n’en éveille le récit. Chauzy est un as du crayonné – son trait est décontracté et précis – et des couleurs criardes parfaitement évocatrices des bas fonds servant de décors. La petite note d’espoir finale, inattendue, est bienvenue.