La fille sur la rive

VIGNAL HĂ©lĂšne

En l’an 87, dans l’enclave de Satmine, vivent quelques centaines de milliers d’humains. Un fleuve Ă©minement toxique longe la ville, et il est interdit de quitter l’enclave pour raisons de sĂ©curitĂ©. La vie bien organisĂ©e s’Ă©coule paisiblement, imprĂ©gnĂ©e par une propagande efficace et facilitĂ©e par un mĂ©dicament miracle. La narratrice, Nour, 14 ans, est diffĂ©rente, en butte aux moqueries. CoiffĂ©e de son casque intĂ©gral, elle aime se promener au bord du fleuve, le prendre en photo, dĂ©corer des boĂźtes avec des chutes de papier. Elle pense beaucoup aussi. Qu’y a-t-il de l’autre cĂŽtĂ© du fleuve? Ne leur mentirait-on pas?

 

Dans cette atmosphĂšre anesthĂ©siĂ©e, l’absence de perspective ne semble gĂȘner personne. Des extraits de journaux, d’affiches et autres publications officielles ponctuent la narration, donnant progressivement du corps Ă  cet univers clos et mielleusement totalitaire. Le personnage de Nour, original et attachant, incarne la rĂ©sistance, la nĂ©cessitĂ© de vĂ©rifier le bien-fondĂ© des vĂ©ritĂ©s assĂ©nĂ©es. À l’instar de l’adolescente, le roman, bien Ă©crit, imprĂšgne de sa singularitĂ©, comme une petite note tĂ©nue et insistante. Au milieu de l’engourdissement pointe la promesse d’un mystĂšre jamais rĂ©vĂ©lĂ©, qui maintient l’attention.