Une bourgeoise et un marxiste se rencontrent à un colloque universitaire sur une île. Ils deviennent amants le temps d’une journée. Cinq ans plus tard, une autre conférence entraîne l’enseignante dans sa ville à lui. Ils se retrouvent par hasard, comme si le destin leur avait donné rendez-vous. Elle abandonne tout et décide de lier sa vie à cet étranger, beau, mystérieux dont elle ne sait rien. Aucun repère, aucun prénom dans ce roman. Anne Brochet, actrice, réalisatrice et romancière (La fortune de l’homme et autres nouvelles, NB mai 2008) décrit leur maison laissée par une morte, le côté dépressif et colérique de celui qui a quitté son poste pour devenir soldat du feu et servir les autres, ses soirées avec ses compagnons, abusant de l’alcool pendant qu’elle, passive, l’attend des heures, la boule au ventre, se reprochant de ne pas l’aimer comme il faut. Elle se sent exclue, son corps absorbe tout : plaisir de le toucher, angoisse de son absence, peur de le perdre. Un roman rendu oppressant par cette passivité due à leur dépendance aux plaisirs du sexe et qui distille une inquiétude croissante. (M.-P.R. et A.Le.)
La fille et le rouge
BROCHET Anne