La cruche cassée

EL YAMANI Hayat

« Casser la cruche », c’est renoncer à vivre. Yemma, la chaleureuse aïeule, vient de mourir. Toute sa famille réunie accomplit les rites de l’enterrement durant les trois jours que clôture le couscous du « jour de la séparation ». Dounia, « l’Européenne », trentenaire, informaticienne, célibataire, supporte difficilement la promiscuité et les conversations prosaïques de sa parentèle. Mais progressivement, en rendant service, elle se fond dans le collectif familial et trouve l’apaisement.

 

Hayat El Yamani, après Rêve d’envol (NB novembre 2009), brosse par petites touches le portrait d’une famille marocaine moderne, si nombreuse qu’on s’y perd, simultanément soudée et éclatée. Deux générations s’opposent, les anciens peu instruits et inscrits dans la tradition, et les plus jeunes qui ont fait des études et vivent à l’européenne. Des conflits séparent des personnalités différentes. Puis les barrières tombent, les coeurs se dévoilent et s’ouvrent, les liens brisés se renouent, les souvenirs s’égrènent, permettant à la narratrice d’accueillir l’héritage moral de la défunte. Sur un sujet mince, ce joli roman témoigne du sens du rituel.