La confession de la lionne

COUTO Mia

« Le vrai nom de la femme est oui », déclare Mariamar, jeune villageoise de Kulumani au nord du Mozambique, lourdement perturbée depuis sa naissance. Son village est soudain l’objet d’attaques de lions mangeurs d’hommes; un chasseur professionnel est requis ; il a déjà sauvé Mariamar d’une agression sexuelle et lui a proposé de quitter sa région. Pour les femmes, les lions sont au coeur même de cette société villageoise soumise à des rites traditionnels, dissimulant mal l’agressivité masculine et la misère ambiante. La chasse aux lions sert de révélateur aux secrets mal enfouis de personnalités typées. Mia Couto (Poisons de Dieu, Remèdes du Diable, NB février 2013), lui-même originaire du Mozambique, retrace une situation réelle qu’il a vécue lors d’un voyage professionnel. Le récit s’appuie alternativement sur les confidences de Miriamar et sur le journal du chasseur. Le lecteur baigne en permanence dans une atmosphère étrange où les fantasmes et les rêves transforment la réalité. Tous les personnages féminins témoignent de l’écrasement que subissent les femmes dans cette société qui les veut invisibles et silencieuses, elles qui se lèvent tous les matins pour affronter « une interminable guerre ». Un nouvel exemple de la bonne santé de la littérature africaine.