La bouée

SOLIANE Ian

Sa fille de huit ans et demi qu’il adorait est morte d’un cancer après un an d’épreuves. Sa femme l’a quitté et ses nuits sont hantées d’affreux cauchemars récurrents. Cet enseignant, en perdition malgré antidépresseurs et psychothérapie, croise Jacek, SDF, veuf et alcoolique, à qui l’on a retiré depuis longtemps ses trois enfants. Tant bien que mal il l’aide, l’héberge même et contribue à sa réinsertion. Réciproquement il trouve une bouée de sauvetage dans ce double malheureux – qui parfois pète vraiment les plombs. Les deux hommes sont toujours au bord du gouffre, mais l’espoir demeure. Les typographies sont clairement différentes, selon que le narrateur s’adresse à sa fille en évoquant les étapes de son calvaire, qu’il raconte ses rêves torturés interprétés par son psy, ou qu’il plonge dans le monde des sans-abri parisiens en proie à la misère, à la violence et aux insurmontables problèmes administratifs. Ce court roman, qui a parfois la force d’un reportage sans fioritures, sonne juste. Il est très sombre même si les deux personnages principaux désemparés cherchent désespérément un sens à leur existence. L’écriture est simple et forte, mais elle a aussi un effet dérangeant qu’il faut assumer.