Juan Solo

Juan vient de nulle part. Trouvé dans une poubelle, affublé d’une vraie queue, recueilli par un travesti nain qui se prostitue, il apprend très vite les règles de survie en milieu hostile. Sans pitié, sans morale, sans états d’âme, il se hisse au plus haut niveau des hommes de main du premier ministre d’un pays d’Amérique du sud, qui lui demande d’être garde du corps de sa femme nymphomane et de son fils. De manière inattendue, le passé va rattraper Juan, qui doit s’échapper et s’enfoncer dans le désert où il va devenir un saint et finir sur la croix. De l’abomination à la rédemption, une poubelle au lieu d’une étable, une crucifixion à la fin, les voies du Seigneur sont impénétrables.

Encore une fois on est soufflé par le génie de Jodorowsky qui tricote une histoire haletante dont les niveaux de lecture sont multiples : un thriller messianique, un psaume violent et gore, métaphorique, parabolique et finalement jouissif ; une sorte de grand récit d’aventure entre western et polar porté par un rythme échevelé. Bess est à la hauteur, son dessin, ses cadrages, sa maitrise du mouvement et de l’action habillent de manière élégante et efficace cette BD incontournable.

(PD-MT)