J’habite dans la télévision

DELAUME Chloé

Chloé Delaume a-t-elle perdu la raison ? On pourrait le croire à lire les premières pages incohérentes et bardées de termes techniques de son essai. Non, elle a plutôt accepté de soumettre son “cortex préfrontal médian”, “morceau de bidoche”, à une expérience : regarder notre télévision sans discontinuer, du matin au soir, pendant vingt-deux mois. En effet, Patrick Le Lay ayant affirmé que nos émissions sont destinées à produire du « cerveau de téléspectateur » disponible pour la publicité, elle s’est prise comme objet d’étude. C’est ainsi que, des oiseaux morts pleins la tête, elle finit par friser la paranoïa, la télévision devenant un interlocuteur puis un persécuteur.  Cobaye, Chloé Delaume raconte comment elle a perdu toute réflexion jusqu’à abdiquer une part de son identité. Enfermée dans la téléréalité, elle s’adresse aux poètes et aux philosophes pour finir par se dissoudre dans le “vidéodrome”. Dans cette expérience-réalité, elle met en scène avec une certaine complaisance ce que beaucoup d’auteurs ont dit avant elle de la télévision. Était-ce vraiment nécessaire d’en passer par là ?