Je suis quelqu’un

AIDARA Aminata

À Paris, Estelle vient d’apprendre par son pĂšre que Penda, sa mĂšre, avait eu, aprĂšs elle, un enfant dĂ©clarĂ© mort Ă  la naissance, fruit d’une liaison avec un coopĂ©rant, fils de harkis. Penda, qui vivait au SĂ©nĂ©gal avec son mari et leurs quatre filles, est partie pour Paris avec trois d’entre elles, laissant l’aĂźnĂ©e avec son pĂšre. Des trois autres, seule Estelle, perturbĂ©e, n’arrive pas Ă  trouver sa voie
  Dans ce roman Ă  deux voix, la fille d’abord puis la mĂšre se confient. Le discours de la premiĂšre – « une paumĂ©e », une Ă©corchĂ©e vive travaillĂ©e par on ne sait quel secret, qui passe de squatt en squatt, de petit boulot en petit boulot – est extrĂȘmement confus et dĂ©courage mĂȘme parfois la lecture malgrĂ© une langue colorĂ©e et imagĂ©e. Celui de la mĂšre en revanche, toujours en deuil de son amour et de cet enfant qu’elle se refuse Ă  croire mort, sonne beaucoup plus juste et Ă©meut. Ce dĂ©sĂ©quilibre est compensĂ© par un certain suspens, un style variĂ©, l’expression de sentiments authentiques et touchants. Avec, toujours en toile de fond, l’Afrique et ses coutumes, en parallĂšle avec Paris. Aminata Aidara est une jeune italo-sĂ©nĂ©galaise, dĂ©jĂ  primĂ©e pour un recueil de nouvelles. (V.A. et M.-N.P.)