Je ne suis pas un homme qui pleure

KANOR Fabienne

Elle est Ă©crivain. Son compagnon vient de la quitter et avec lui tout ce sur quoi elle avait misĂ© : amour, apparences, avenir, sĂ©curitĂ©. Le « pain et l’épaule » partis, elle ne connaĂźt plus de paix. Son regard s’obscurcit. Son livre n’avance pas. Les hommes, blancs ou noirs, sont Ă  dĂ©sespĂ©rer. Sans parler des femmes, conditionnĂ©es par les mĂšres pour sauver « l’odeur de la paix des mĂ©nages ». Mais si cette position n’est guĂšre enviable, que penser d’une femme seule, sans homme ni enfant ? Face Ă  cette « dĂ©faite sociale », elle revient sur son passĂ© et se dĂ©mĂšne pour affronter la vie avec d’autant plus d’agressivitĂ© qu’elle est malheureuse.   Certes, cette femme en colĂšre peut ĂȘtre dĂ©sagrĂ©able, injuste, mais elle ne manque pas de panache. MalgrĂ© la cocasserie de certaines situations, elle porte le verbe haut et tout le monde en prend violemment pour son grade. Dans une langue musclĂ©e, crue, assaisonnĂ©e d’expressions crĂ©oles et de bons mots, Fabienne Kanor (Faire l’aventure, NB fĂ©vrier 2014) a trouvĂ© un ton juste pour donner voix Ă  cette grande gueule affamĂ©e de reconnaissance et d’amour qui exprime l’arrogance de la dĂ©tresse, la fiertĂ© de l’indĂ©pendance ainsi que la peur de finir seule. (D.D. et N.C.D.)