La métallo

ÉCOLE-BOIVIN Catherine

À soixante-dix ans passés, Yvonnick revient à l’aciérie de la région nantaise où elle a travaillé comme ouvrière « métallo » dans les années soixante. Cette visite réveille ses souvenirs de jeunesse: après une enfance en liberté à Noirmoutier, elle a suivi son mari, employé dans l’usine. Sa formation et son diplôme de secrétaire ne lui serviront à rien lorsque, veuve à vingt-neuf ans, elle n’a d’autre choix pour garder sa maison que de remplacer son mari dans son emploi d’homme où « penser tue ».  Catherine École-Boivin (Les bergers blancs, NB janvier 2012) signe un roman tout en contrastes entre la violence des conditions de vie des ouvriers métallurgistes de l’époque et la délicatesse des sentiments qui tissent leur humanité. Des personnages, très crédibles et remarquablement peints, habitent cette fresque de vies cabossées, souvent dès l’enfance, par la brutalité des événements qu’ils affrontent. Les thèmes abordés le sont avec lucidité : la place des femmes dans un univers professionnel masculin, l’inégalité physique et salariale, le développement des luttes au sein de l’entreprise face aux bouleversements de la société, jusqu’à la disparition de l’ancien monde. L’écriture s’adapte à la réalité quotidienne comme à l’intériorité.