J’aimais déjà les étrangères

KAUFFMANN Alexandre

Il venait d’avoir trente ans et sa seule ambition consistait à passer inaperçu, à lire Jack London et, comme Charles Quint dans le monastère de Yuste, à régresser. Il rencontre O par le biais de son mari auquel il revend des cigares introuvables en France. O est russe, porte des bottes orange en python. Elle est cultivée, fantasque, désinvolte, elle le séduit, l’ouvre au monde et le quitte.

 

Le monde d’Alexandre Kauffman est pessimiste. Manipulé dans Le faux-fuyant (NB décembre 2003), le narrateur, qui ne dévoile pas son nom, est ici possédé. L’humiliation subie par la brutale rupture avec O l’obsède, il veut revoir celle-ci et lui parler une dernière fois. La détermination du narrateur nous force à le suivre. C’est dans le métro, station après station, semant d’improbables suiveurs, qu’il dévoile son histoire tout en trimballant avec lui une énigmatique boîte enveloppée de papier kraft. L’auteur décrit le monde du fric et du paraître avec tous ses codes. Sa belle maîtrise de la langue, tout en subtilité, ne laisse pourtant passer aucun sentiment, ne serait-ce qu’un peu de compassion, envers cet homme qui souffre.