J’ai réussi à rester en vie

OATES Joyce Carol

Veuve ! Par une effroyable nuit de février 2008, la vie de Joyce Carol Smith (Oates est son nom de plume) bascule sans préavis. Dans ce livre-thérapie, ce n’est plus l’écrivain célèbre qui donne libre cours à son imaginaire, mais la femme meurtrie qui se heurte à la brutale et irrémédiable réalité de la mort de l’être aimé. Le récit est un long cri de souffrance, de tristesse infinie, entrecoupé de réminiscences des temps heureux. Taraudée par la culpabilité l’épouse se reproche d’avoir conduit son mari à l’hôpital – où il est mort d’une infection nosocomiale – pour une banale pneumonie. Courageusement, elle essaie d’apprivoiser, parfois avec un certain humour, son nouveau statut de femme seule, les retours dans une maison vide, les nuits sans sommeil. Mais la ronde lancinante des doutes, des regrets, du flirt avec les idées de suicide, des questions désormais sans réponses, ne la quitte pas. Il y a, dans cette façon de ressasser inlassablement, une certaine complaisance assez pesante. On retrouve cependant la finesse de la romancière dans cette analyse minutieuse de ses sentiments face à cette mort inattendue et dans cette évocation d’un amour conjugal exemplaire.