Instantanés d’Ambre

OGAWA Yôko

Une vieille dame qui vit dans la maison de retraite de Monsieur Ambre partage avec lui ses souvenirs. À la mort de sa petite soeur, sa maman, fragilisée, décide de cacher les enfants dans la maison héritée du père, ancien éditeur. Les captifs, âgés de cinq, huit et onze ans, vivent selon les règles et interdictions établies par leur mère qui part le matin pour aller travailler. Ils perdent la notion du temps, totalement coupés du monde extérieur. L’arrivée inopinée de Joe le colporteur par une porte insoupçonnée annonce un changement.  Yôko Ogawa (Jeune fille à l’ouvrage, NB mars 2016) évoque avec beaucoup de poésie le monde de l’enfance avec son imaginaire et son émerveillement constant. Le dessin devient un exutoire pour l’aîné qui représente la benjamine dans les marges des encyclopédies du bureau d’études. Son mystérieux oeil gauche le pousse à tourner les pages ; les Instantanés font revivre la petite dernière. L’atmosphère joyeuse et créative, le plaisir d’obéir sont loin de la cruauté de l’enfermement. Six années passées dans une telle osmose forment comme une concrétion installée dans le regard du garçon qui se réveille lors de l’exposition de ses oeuvres. Un roman sensible à la frontière du réel.  (M.-P.R. et A.Be.)