Il me faut aimer une pierre

ANTUNES António Lobo

L’album de photos familiales que l’on feuillette et qui est propice aux souvenirs, l’écoute du patient qui a besoin de se confier au cours de la consultation, les visites aux autres ou la pure invention au travers de récits : telle est l’articulation de ce livre dont les histoires imbriquées se construisent dans une polyphonie ardue. Les personnages ressassent leurs vies, s’en inventent d’autres, sont obsédés par leurs souvenirs, révèlent leurs secrets. Autour de ce théâtre d’ombres, il y a Lisbonne : la ville, la rue, le fleuve, le port et son pétrolier fantôme qui semble renvoyer le lecteur à d’autres fantômes. Tout ceci est rassemblé par une vieille couturière dont la machine à coudre (à écrire ?) « se met à piquer le silence ».

 

À la différence de Lettres de la guerre : de ce vivre ici sur ce papier décrit (NB novembre 2006), la lecture de ce livre est une bataille permanente contre une construction stylistique difficile à aborder. Les déraillements de lecture sont courants, obligeant à remonter de quelques pages pour suivre les chemins de traverse créés par l’auteur.