Gratte-ciel

YÜCEL Tahsin

Istanbul, fĂ©vrier 2073. La mondialisation et l’ultralibĂ©ralisme Ă©conomique ont fait de la ville une mĂ©tropole hĂ©rissĂ©e de gratte-ciel, purgĂ©e de ses vieux quartiers et de ses pauvres. La plupart des institutions ont Ă©tĂ© privatisĂ©es. La Justice, injuste, peu indĂ©pendante, relĂšve en rĂ©alitĂ© d’un État corrompu et de mĂ©dias trop puissants. Pour la privatiser, mus par des motivations contrastĂ©es oĂč se mĂȘlent l’intĂ©rĂȘt personnel, l’éthique et l’idĂ©ologie, un brillant avocat et un architecte inconditionnel de l’urbanisme new-yorkais dĂ©cident d’agir. Une entreprise parcourue de gloire Ă©phĂ©mĂšre et d’embĂ»ches… Turc, l’auteur a situĂ© le rĂ©cit Ă  Istanbul, mais toute capitale europĂ©enne pourrait aussi bien servir de cadre Ă  cette fable politique, gĂ©nĂ©raliste, anticipatrice, vĂ©ritable charge contre les dĂ©rives de la modernitĂ© et du capitalisme outranciers. Tashin YĂŒcel, professeur et traducteur, a fait des Ă©tudes de français ; citations et rĂ©fĂ©rences tĂ©moignent de son attrait pour notre littĂ©rature. La dĂ©nonciation d’un futur caricatural et possible patine, stagne et cherche dans les premiers chapitres un support et une tribune. Mais l’épaisseur attachante des deux hĂ©ros principaux, les dialogues sans manichĂ©isme installent progressivement, dans la fiction, suspense et lĂ©gitimitĂ©.