Fugueuses

DESHORS Sylvie

Lisa et Jeanne, 17 ans, fuguent un hiver pour rejoindre la forêt où sont installés les opposants à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Sur la ZAD (Zone d’Aménagement Différée), elles sont accueillies avec chaleur par certains, un peu de réticence au début par les autres : ne sont-elles pas mineures? Pleines de révolte et d’espoir, les filles s’installent, participent aux travaux quotidiens, savourent, malgré la saison et l’humidité, le plaisir de vivre dans la nature et de participer à une communauté solidaire. Mais il y a les parents qui s’inquiètent, les journalistes, les CRS…

 

D’une écriture dépouillée, l’auteur fait entendre différentes voix ;  elle dit l’enthousiasme et les convictions de Lisa, les légères déconvenues de Jeanne,  le point de vue de l' »ancienne », Brit, qui a « fait » le Larzac. Le côté un peu démonstratif de la profession de foi s’efface devant les descriptions de la vie du camp et du lien collectif fort qui unit les occupants, portés par une même ambition. L’émotion surgit malgré la sobriété des mots, les personnalités s’épanouissent, surtout celle de Lisa la meneuse, en opposition frontale avec les valeurs conformistes de sa famille. C’est aussi, geste rare, une présentation d’une alternative actuelle au modèle de société dominant, qui peut réconforter, inspirer – ou pas.